🚫 La désinfluence : quand les créateurs disent stop à la surconsommation
Introduction
Après des années de contenus sponsorisés, de codes promo et d’unboxing en tout genre, une nouvelle tendance s’impose sur les réseaux sociaux : la désinfluence.
Née sur TikTok en 2023, ce mouvement revient en force fin 2025, porté par une fatigue généralisée de la surconsommation et un besoin de transparence grandissant chez les utilisateurs.
Mais que cache vraiment cette tendance ? Une simple posture ou un tournant majeur dans la manière de faire du marketing d’influence ?
1. La désinfluence, c’est quoi ?
Le terme “désinfluence” (ou de-influencing en anglais) décrit une contre-tendance aux discours promotionnels omniprésents sur les réseaux.
Là où les influenceurs incitaient auparavant à acheter, les “désinfluenceurs” encouragent à ne pas consommer inutilement, à repenser ses besoins réels et à questionner les stratégies marketing.
Ces contenus prennent la forme de vidéos sincères, parfois désabusées, où les créateurs expliquent pourquoi tel produit “ne vaut pas le coup”, même s’il est populaire ou massivement sponsorisé.
L’objectif : reprendre le contrôle sur la parole d’influence et redonner du sens à la recommandation.
2. Une réaction directe à la surconsommation sur TikTok ?
La désinfluence n’est pas refait surface par hasard.
Depuis l’explosion de TikTok Shop, la plateforme est devenue un immense téléachat algorithmique, où chaque vidéo peut se transformer en lien d’achat.
Un phénomène déjà analysé dans notre article “TikTok Shop, la fausse bonne idée”.
Ce climat de surenchère commerciale a fini par provoquer un effet boomerang : les utilisateurs rejettent les messages trop poussifs et les contenus sponsorisés à outrance.
La désinfluence se présente alors comme une forme de résistance douce — un appel à ralentir la consommation et à retrouver une approche plus critique, plus authentique sur les réseaux sociaux.
3. Transparence ou stratégie marketing déguisée ?
Si la désinfluence séduit, elle n’est pas exempte de paradoxes.
Beaucoup d’influenceurs qui adoptent ce discours continuent à collaborer avec des marques, en jouant sur la carte de la “transparence radicale”.
Certains contenus de “désinfluence” finissent même par… recommander d’autres produits, jugés “plus éthiques” ou “vraiment utiles”.
Cette posture floue soulève une question : la désinfluence est-elle une sincère remise en question ou une nouvelle forme de marketing d’influence ?
Comme le souligne The Good Goods, il s’agit souvent d’un “signe faible à grand impact” : la preuve que les consommateurs veulent croire à une parole plus honnête, quitte à ce que celle-ci reste partiellement instrumentalisée.
4. Le greenwashing 2.0 : l’illusion de la consommation responsable
Autre dérive majeure : le greenwashing de la désinfluence.
Certain·es créateurs surfent sur la vague “responsable” pour continuer à vendre — en remplaçant simplement les produits “superflus” par des “alternatives durables”.
Le discours change, mais le réflexe d’achat reste le même.
Résultat : une culpabilité déguisée en vertu écologique, où les internautes sont incités à “consommer mieux” plutôt qu’à “moins consommer”.
Cette ambiguïté alimente la méfiance et fragilise encore un peu plus la frontière entre influence authentique et marketing moral.
5. L’illustration parfaite : le bad buzz des “unboxings d’iPhone”
En septembre dernier, plusieurs influenceurs se sont attiré les foudres des internautes après avoir publié des unboxings du nouvel iPhone.
Dans un contexte d’inflation, de crise écologique et de discours sur la sobriété, ces vidéos ont été perçues comme déconnectées de la réalité.
Le contraste entre les appels à “acheter moins” et les gestes ostentatoires de consommation a provoqué un tollé, illustrant le grand écart permanent de l’influence actuelle.
Ces polémiques montrent que le public ne se laisse plus berner : il exige de la cohérence, pas du marketing masqué.
6. Ce que ça change pour votre marque
La montée de la désinfluence n’est pas une menace, mais un signal fort pour les marques : le temps du message unilatéral est terminé.
Les consommateurs attendent désormais de la sincérité, de la nuance et de la responsabilité.
✅ Les opportunités
-
Créer de la confiance en adoptant un discours plus transparent et moins promotionnel.
-
Collaborer avec des micro-influenceurs capables de livrer des avis authentiques, y compris critiques.
-
Valoriser la durabilité et la qualité plutôt que la nouveauté permanente.
❌ Les risques
-
Être perçu comme opportuniste si la “transparence” est mal calibrée.
-
Subir un bad buzz si la marque tient un discours responsable sans actes concrets.
-
Voir ses produits critiqués publiquement, ce qui nécessite une communication réactive et maîtrisée.
💡 En résumé
Les marques doivent accepter que la parole d’influence ne leur appartienne plus entièrement.
Plutôt que de la contrôler, il s’agit désormais de co-construire la confiance, même si cela implique la critique.
7. Vers une influence plus consciente ?
La désinfluence n’est pas une guerre contre l’influence : c’est une évolution nécessaire.
Elle marque le passage d’une logique de volume à une logique de valeur : moins de promotions, plus d’analyse, plus d’honnêteté.
Les créateurs qui survivront à cette mutation seront ceux capables de parler vrai.
Et les marques qui comprendront cette tendance deviendront celles qui inspirent — pas celles qui saturent.
Conclusion
Phénomène symptomatique d’une époque en quête de sens, la désinfluence remet la confiance au centre du jeu.
Elle ne signe pas la fin de l’influence, mais son repositionnement : moins d’incitation, plus de discernement.
Dans un monde saturé de contenus marchands et d’achats impulsifs, dire “non” peut parfois être la meilleure stratégie d’influence.
FAQ

